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JW ANDERSON
discute avec Filep Motwary

 

Jonathan Anderson est très certainement l’un des créateurs les plus innovants du moment. Ce perfectionniste a le don pour sentir vos besoins et imaginer sans peine l’univers pour les combler, que ce soit pour sa propre marque JW Anderson ou chez LOEWE – la maison de maroquinerie de luxe espagnole fondée il y a 168 ans.
Entre deux essayages et ses nouvelles obligations en tant que président du 35ème festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode de Hyères, le créateur, curateur et agitateur culturel se pose quelques instants pour répondre à nos questions.

Filep Motwary : M. Anderson, le monde fait face à de nouveaux défis depuis l’apparition de cette pandémie. Je me demandais comment cela vous touchait en tant que personne mais aussi en tant que créateur de mode. Qu’est ce qui a changé dans l’immédiat pour vous et dans votre façon de travailler?
J.W Anderson : Chaque jour, chaque semaine, chaque collection qui passe depuis le début de la pandémie présente de nouveaux défis. J’ai passé la plupart du premier confinement au Royaume-Uni. J’avais l’impression que tout ralentissait et j’ai pris le temps de la reflexion. J’ai relu certains de mes livres préférés et pris le temps de penser, sans pour autant m’arrêter de travailler sur les collections. Nous étions en plein milieu des collections mais les équipes ont été super. Nous avons organisé des essayages via Zoom et les prototypes circulaient par poste. J’ai passé beaucoup de temps sur Zoom.

Je me demande ce que vous avez fait pendant le confinement, comment avez-vous occupé votre temps ?
Je n’ai jamais vraiment arrêté de travailler en fait. Le tempo s’est ralenti un moment mais cela a vite repris par la suite.

Ces dernières années les créateurs parlaient de la mode comme d’une communauté. Je me demande ce que cela peut signifier aujourd’hui, alors que les gens ne peuvent plus se retrouver comme avant ?
Je pense que cette idée de communauté fait référence à de nombreuses choses comme nous l’avons vu récemment. Cette communauté, au sens de tous les journalistes et les amis que je croisais aux défilés, me manque, mais je pense que c’est très intéressant de voir comment, en ces temps, les gens parviennent toujours à échanger avec leur communauté en ligne et sur les réseaux. D’une certaine façon je sens que la communauté s’est élargie car la mode est désormais présentée exclusivement en ligne et est donc accessible à encore plus de gens.

Votre travail pour la marque JW Anderson ainsi que pour LOEWE est multi-dimensionnel. Vous construisez la silhouette par couches, le corps est à vos yeux la plateforme d’expression, d’expérimentation et de transformation par excellence. Vos collections sont ambitieuses, pleines de textures, de volume et de surprises. Mais cela n’a pas toujours été le cas, le chemin vers le succès a été plus modeste en terme de design pour vous. Qu’est-ce qui vous a libéré ?
J’aime à penser que j’ai toujours été libre. Manuela Pavesi m’a un jour confié ces mots qui m’ont marqué à jamais “Ne fais jamais de compromis” et je pense que cela est très libérateur. Pour JW Anderson je pense que j’ai pu entreprendre plus de choses avec l’essor de la marque et les moyens qui vont avec, mais je ne pense pas avoir eu besoin d’être libéré.

Pourquoi est-ce important de traduire votre travail à travers des campagnes et de le présenter dans ce contexte ? Comment visualiser les choses permet-il de mieux comprendre comment nous pensons ?
Mes premières expériences de la mode lorsque j’étais plus jeune se sont faites via des magazines. Je pense que cela est resté en moi. Je pense que lorsque nous créons des images et des campagnes il s’agit aussi de collaborer et travailler avec des photographes, mannequins et stylistes extraordinaires. C’est vraiment incroyable de voir comment tout prend forme grâce à une image très forte.

Que pensez-vous de l’air du temps, de la culture actuelle? Doit-on avoir une certaine culture pour comprendre la mode ?
Je pense qu’il y a, du moins à mes yeux, un lien entre la culture et la mode. Je pense qu’une mode de qualité, une création de qualité nécessite de bien saisir l’air du temps et d’être connecté à celui-ci mais je pense qu’il serait assez élitiste de prétendre qu’il faut avoir une certaine culture pour comprendre la mode.

Votre collection AH20/21 pour la femme propose un renouvellement du courant “power dressing” mais il s’agissait également de remuer les choses à travers les formes et les matières – des pièces en tweed aux constructions en trapèze surdimensionnées, des pièces classiques hors-normes, des grands châles en cuir. Quel était le concept de départ de cette collection?
Tout tournait autour de cette idée de volume et de mouvement. Des volumes extrêmes avec ces matériaux métalliques et le col de manteau représenté pas un châle en cuir qui partait dans tous les sens. D’une certaine façon, je pense qu’il s’agissait de structure au sens presque architectural du terme.

Dans votre rôle de directeur artistique, sentez-vous que vous proposez plutôt des vêtements dans lesquels on vit, on se bat ou des vêtements qui représentent une échappatoire vers plus de fantaisie, pour aller à l’encontre de la réalité du quotidien? Disons, quelle vision vous semble la plus forte et pourquoi ?
Je pense qu’en définitive il s’agit juste de proposer une mode de qualité, créer des vêtements que les gens veulent porter et dans lesquels ils se sentent bien. Dans mes collections pour JW Anderson je pense qu’il y a des pièces qui sont plus du ressort de la fantaisie et d’autres qui touchent plus à la vie du quotidien.

Qu’en est il de la mode pour l’homme, pour quel type d’homme créez-vous? Pourquoi avez-vous intégré le militant et artiste pluridisciplinaire David Wojnarowicz à la collection AH? Pourquoi sommes nous responsables de ce que nous pensons et de la façon dont nous agissons?
Pour JW Anderson je vois la collection homme comme une sorte de fantaisie, de la façon dont j’aimerais m’habiller. J’aime imaginer l’homme comme une sorte d’agitateur culturel, qui remet en question les normes et dénonce les stéréotypes et je pense que David Wojnarowicz participe à la création de cette agitation. J’ai toujours été fan de son travail et je voulais collaborer avec la galerie PPOW afin de faire quelque chose autour de lui. Je suis très fier des pièces Burning House issues de cette collection. Je pense qu’une de ces pièces transmet un message très fort et très à propos pour la période que nous vivons en ce moment.

Comment l’artisanat peut-il innover au cours de la prochaine décennie? Pensez-vous qu’il y aura encore de la place pour les arts manuels?
Je pense que l’artisanat est extrêmement important. Je soutiens ces métiers et les artisans autant que je peux, aussi bien chez LOEWE que chez JW Anderson. Ce qu’il y a de très intéressant c’est que ces artisans possèdent un savoir faire incroyable d’un point de vue historique mais qu’ils savent également l’adapter pour créer des pièces plus modernes tout en préservant la qualité de l’artisanat.

M. Anderson, dans la mode peut-on créer sans forcément se référer au passé? Comment parvenez vous à réaliser l’équilibre entre continuité et nouveauté? Est-ce plus facile à dire qu’à faire?
Je pense que c’est possible mais je ne trouve pas que cela soit une mauvaise chose de trouver des références dans le passé. La période actuelle est très intéressante car il y a tous ces jeunes créateurs qui arrivent et font quelque chose de nouveau, ce qui est extrêmement intéressant. J’ai récemment eu l’honneur de présider le jury du festival de la mode de Hyères et il y a tellement de jeunes créateurs talentueux qui tentent de nouvelles choses. Ça apporte un peu de fraîcheur. Même si la continuité est nécessaire d’un point de vue commercial, parfois il faut de la nouveauté pour rester créatif.

L’idée qui animait une marque autrefois reposait sur l’offre de produits fantastiques. De nos jours, le créateur est également celui qui officie comme le conservateur de l’image de la marque sur les réseaux sociaux et ainsi de suite. Il y a tellement plus de facteurs qui informent sur l’idée d’une maison de mode. Les concepts de communauté et de distribution commerciale sont intimement liés. Comment les choses ont-elles évolué vers cet état de demande?
À la fin je pense qu’il s’agit surtout de raconter une histoire et aujourd’hui nous avons tellement plus de medias et de façon de raconter cette histoire. La mode a toujours eu comme précepte de créer un univers fantastique et de raconter des histoires. C’est juste que de nos jours vous devez raconter cette histoire sur Instragram, Facebook, TikTok et autres.

Le désir a-til sa place dans la mode actuelle?
Je l’espère. Je le pense. J’aime penser que la mode que nous faisons est désirable.

Est-il plus facile ou compliqué de se définir à travers la mode en ligne de nos jours? Pourquoi avons-nous ce besoin de pouvoir tout définir finalement?
Je ne sais pas s’il y a vraiment ce besoin de tout définir. Je pense que cela dépend de qui vous êtes et comment vous achetez ou consommez la mode. Je pense que pour certains la mode est une façon d’exprimer ce qu’ils veulent être, elle procure une certaine sensation de confort ou de désir. Je pense que pour certains il s’agit juste de cette idée de confort. Je pense que la mode est ce que vous en faites.

Voyez-vous vos vêtements d’un autre oeil une fois que vous les avez présentés?
Je pense que ma perception des collections évoluent avec le temps. Il m’arrive d’y repenser et de me dire qu’on aurait pu soit essayer un autre matériau ou procéder autrement. Je ne pense pas qu’il s’agit de remettre en question mais juste de rester curieux et d’avoir envie de continuer à explorer.

All clothes by JW Anderson Spring/Summer 2021
Models
Photographer Ruggiero Cafagna
Stylist Simon Pylyser
Models
Yacine • IMG Models
Youssef • Success Models
Grooming Rimi Ura • Walter Schupfer

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