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ben khan – private dancer

Son funk post-moderne est aussi tranchant que le canif que dégaine le protagoniste du clip de ‘Youth’, chanson déjà culte du tout jeune répertoire de Ben Khan.

L’anglo-indien de 22 ans a pourtant la nonchalance d’un garçon de son époque, qui surfe sur les genres, tous genders confondus ; à l’aise dans ses baskets mais exigeant déjà. Indépendant surtout et sur tout. Maîtrisant les rouages mais enthousiaste. Secret, réputé mystérieux voir taciturne, Ben Khan, nouveau talent accueilli à bras ouverts ‘par toute la sphère’ comme on dit, s’avère plutôt volubile en interview. Un garçon simple, un simple mais ô combien talentueux musicien qui a savamment concocté dans son coin – et ses recoins – ses compos, avant de vouloir les présenter puis – sacrilège – devoir épiloguer sur la chose. Et quelle chose : une pop protéiforme aussi vintage que moite et moderniste, un rock aux confins du r&b, une soul solide et virile sans chichi mais chic, idéalement sophistiquée et emplie d’âme : juste ce qu’il faut. Pas de mièvrerie chez Ben Khan, seulement l’essentiel : le beat et le miel. Bien dosés. Comme le chaînon manquant entre Prince, Erika Baduh, D-Angelo et Jamie XX. Evidemment comme tous les artistes, Ben Khan n’aime pas trop les comparaisons. Tâchons de n’en retenir qu’une : Ben Khan est un James Blake sexy. Le voir en concert provoque une sorte d’orgasme au ralenti, tout en langueur et déhanchés lascifs. La scène n’a jamais été aussi horizontale, au point de vouloir finir allongé. Evidemment tout cela se passe dans la pénombre. ‘We all feel better in the dark’. Le lendemain d’un concert à Paris, on a tout de même souhaité percer la lumière.

Ben, on sait très peu de choses à ton sujet. Es-tu de nature timide ou délibérément secret ? Je suis sans doute un peu timide en effet. Mais surtout réservé. Ça dépend des contextes aussi. Probablement davantage lors d’une interview ; il y a quelque chose de pas naturel dans la démarche, c’est difficile de se confier lorsqu’il ne s’agit pas d’une vraie conversation.

Tu estimes que les chanteurs devraient rester énigmatiques, que la musique devrait tout exprimer et non les réponses à des questions en interview ? Je pense surtout qu’il faut rester soi-même. Si tu es plutôt discret et en retrait, fais ton truc, c’est tout. Et ceux qui sont extravertis, c’est bien aussi. Pour certains artistes, la musique peut suffire mais ce n’est pas forcément mon avis, l’interview peut être salutaire aussi si tu as d’autres choses à véhiculer. C’est vrai qu’à mes débuts, je ne trouvais pas forcément nécessaire de m’exprimer. J’ai donc fait très peu d’interviews, car j’avais aussi besoin de m’habituer à cet exercice. Mais bon, quand je rencontre quelqu’un pour la première fois, c’est vrai que je n’ai pas dans l’esprit de tout lui confier tout de suite à mon sujet. Je ne sais pas encore vraiment comment me situer face à cet aspect de l’industrie musicale, cette idée qu’il faut instantanément assurer la promotion de son travail et se vendre. Ça ne coule pas de source pour moi, mais c’est cool de savoir que les gens s’intéressent à ce que je fais bien sûr.

Sur scène, lors de tes concerts, les lumières sont très sophistiquées mais te cachent en partie le plus souvent… J’aime bien récréer une certaine vibe en live. Je veux mettre en avant la chanson et l’humeur qui lui correspond, plutôt qu’avoir les lumières sur moi plein feu. Présenter la musique avant tout. Il faut que le concert constitue une véritable expérience, les lumières sont donc très importantes de fait.
Pour autant, je me sens à l’aise sur scène, c’est encore les tout débuts mais j’aime ça. Quand tu composes, tu as une ambiance dans la tête, une imagerie, que j’essaye tout simplement de retranscrire.

J’ai lu, que fût un temps, tu avais dealé de l’herbe, j’imagine que tu composais déjà à cette époque ? (rires) Oui, oui, tout à fait, je combinais les deux, c’était mes deux hobbies.

Quand as-tu commencé à composer et te consacrer plutôt à la musique ? J’ai commencé très jeune, avec une guitare. Autour des 12/13 ans. Les choses ont avancé petit à petit. J’ai eu mon premier ordi autour des 14 ans. Au lieu de faire mes devoirs, j’ai cherché des moyens de m’amuser. Je me suis fait virer de quelques écoles, je ne cadrais pas avec l’autorité scolaire, j’ai décidé d’arrêter les études pour me consacrer à la musique. C’est la seule chose qui m’importait. C’était un choix courageux pour certains, complètement stupide pour d’autres bien sûr…

Tu es signé sur le label Dirty Hit mais tes disques sortent chez eux via ta propre division, Blessed / Vice ? Tu peux nous en dire plus ? C’est une idée qui me tenait à cœur depuis longtemps. Blessed / Vice représente le point de vue d’un artiste. Avec deux antagonismes : la bénédiction et le vice. Un don qui est aussi une malédiction, en quelque sorte. J’essaye par-là de capter l’endurance dont doit faire preuve un artiste pour exprimer quelque chose qui en vaille la peine. C’est le concept derrière cette entité. Blessed / Vice est aussi un espace à travers lequel m’exprimer, peut-être même au-delà de la musique un jour.
Si je veux faire de l’image par exemple.

Ton père vit au Kashmir, tu as du sang indien, est-ce que ces origines influencent ta musique ? J’ai plutôt l’impression que c’est dans l’image qu’on ressent cette appartenance chez toi. Ce n’est pas tant dans la musique que je retranscris cet héritage en effet, que visuellement, à travers des motifs géométriques par exemple. Mais, c’est aussi la dimension spirituelle de cette culture qui m’intéresse et qui m’a pas mal affecté depuis que je suis enfant – même si je n’ai vécu qu’un an à New Delhi, tout petit -. Je me suis imprégné de toutes les légendes locales, plus ou moins crédibles d’ailleurs. Que faut-il croire ? Ou pas ? J’aime l’idée que quelque chose de plus grand existe que ce qu’on tend à imaginer ici.

Tu as un background particulier dans les arts visuels ? Je ne considère pas que je fasse de l’image. J’aime jouer avec certains outils qui en produisent. Je regarde beaucoup de films, je sais ce que j’aime esthétiquement et je m’imprègne des choses qui m’entourent. C’est souvent un montage d’images que j’aime, davantage que des clips à proprement parler.

Dans la vidéo de ‘Savages’, on retrouve des plans de ‘Batman’, ‘Only god forgives’, ‘Last Vegas Parano’, ‘Voudou’ de Jacques Tourneur… Le cinéma est très important pour toi ? J’ai grandi avec le cinéma et la musique. C’était toujours les deux choses qui comptaient pour moi. Au quotidien. Les deux vont vraiment de pair. La musique sans images, il y a un sentiment de manque je trouve. Idem pour un film sans musique. Ces deux arts ont besoin l’un de l’autre. J’ai souvent composé en visionnant des films sans le son, pour récréer une atmosphère, une émotion. En réfléchissant à un instrument en particulier pour telle scène par exemple. S’il y a un meurtre, comment retranscrire le bruit de l’arme ? Ce genre de choses. Le ciné est vraiment un vecteur d’expression en tous cas oui.

Ce clip rassemble aussi des discours de guerres, des images de manifestations, des paysages dévastés sous les bombes ; quel message voulais-tu porter et es-tu un artiste engagé, à ta façon ? Ce n’était pas vraiment conscient, je ne suis pas un activiste. Je ne manifeste jamais par exemple. La chanson essaye de décrire une situation complexe et de pointer du doigt deux camps qui s’opposent ; qui a raison, qui a tort ? Que les motifs soient justifiés ou pas, que cela puisse déboucher sur des crimes, personne ne l’emporte au final. Je soulève des questions, je n’essaye pas d’apporter des réponses. Ce qu’on entend dans les médias n’est jamais qu’un point de vue subjectif, qu’une version des faits. Il n’y a pas de message dans cette chanson, juste un ressenti et l’interprétation reste libre pour l’auditeur. Reste que c’est la merde quoi…

Y’aura-t-il d’autres chansons dans cette veine sur l’album ? Tu parles aussi souvent et beaucoup d’amour… Oui heureusement ! C’est juste ma manière d’être. Si quelque chose se passe dans le monde et me bouleverse, bien sûr il y a des chances que j’en parle dans mes chansons. Mais je ne cherche pas à écrire des textes engagés. Les thèmes d’inspiration viennent naturellement et s’imprègnent de ce qui se passe autour de moi, à tous les niveaux. Ce n’est jamais un calcul, plutôt une réaction. Une réaction naïve… Je suis encore jeune pour bien tout comprendre. J’essaye en tous cas…

Il y a beaucoup d’influences dans ta musique ; soul, blues, funk, r&b, rock. Mais aussi pas mal de textures électro. Comment réussis-tu à assembler ces différents styles et quel est ton fil conducteur ? Ce n’est pas réfléchi. Je ne me demande pas dans quelle direction je vais quand je compose. Je m’interroge surtout sur la manière d’atteindre mon but. Ces styles musicaux m’entourent, j’écoute beaucoup de funk, certains ingrédients se retrouvent forcément dans ma musique. Je ne suis pas vraiment de près ce qui se passe dans l’époque, j’en suis imprégné bien sûr. J’entendais du r&b au début des années 2000 dans les clubs, mais ce n’était pas pour autant mon genre de prédilection. Je n’ai jamais traversé de ‘phase’ par exemple.

Des idoles tout de même étant jeune ? Kurt Cobain était mon putain de héros quand j’avais 12 ans. Michael Jackson aussi. Et Jimmy Hendrix. Ces trois-là, c’était le haut du panier pour moi. Mais ensuite tu dépasses ça, tu réalises que chaque être humain a sa propre personnalité, qu’il faut chercher ce qui te convient et te ressemble, au-delà des chapelles. Je ne pourrais pas te dire par exemple que je préfère le hip-hop à la soul…

Ta musique est assez électronique sur disque mais plus organique sur scène. Tu sembles t’être imprégné des classiques mais avoir écouté Jamie XX ou James Blake tout autant. J’aime les artistes du passé mais j’appartiens à ma génération, que j’écoute aussi bien sûr. Il est normal que je sache me servir d’un ordinateur, manier mes machines ; si le résultat sonne moderne, tant mieux. C’est de toute façon quelque chose à quoi tu ne peux échapper, dans la façon même de composer : tu vis avec ton temps, quand bien même tu aimerais être un vintage kid (rires).

Tu as sorti deux singles et deux Eps, l’accueil a été tout de suite dithyrambique, de Pitchfork à I- Tunes qui t’a nommé “artiste à suivre en 2015”. Ça t’a fait plaisir ou mis la pression pour la suite ? C’est toujours très agréable bien sûr que d’avoir une certaine forme de reconnaissance. Mais je me suis imposé cette règle : ne pas trop prendre en considération les commentaires à mon sujet, que ce soit des louanges ou des critiques. Je ne veux pas que cela m’affecte. Ce sont des avis, rien qui ne soit créatif ou musical en-soi. C’est très agréable que des gens me fassent l’honneur d’aimer ce que je fais, mais je n’y pense pas trop. Idem quant aux délais pour finir mon disque : ce n’est pas un planning de sortie qui doit dicter la création. Et ce n’est pas non plus l’environnement médiatique qui me met la pression donc, mais moi seul si j’en ressens le besoin.

Que souhaiterais-tu boycotter à cet instant ? Sur un mode léger, peut-être les tee-shirts qui ont des poches avec un motif dessus ?! Ça me donne envie d’arracher la poche en question assez vite. Plus sérieusement, l’ignorance. Mais c’est sans doute une certaine forme d’ignorance de ma part que de te répondre ça.

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