Björk publie ‘Victimhood’, un nouveau clip dark et dense. La chanteuse, actuellement en tournée, sera en concert à Paris cette semaine à l’Accord Arena.
Après 5 ans d’absence et l’aérien UTOPIA (2017), BJÖRK était de retour il y quasi a un an jour pour jour avec FOSSORA, un album à l’opposé enraciné, terreux, les pieds encrés dans le sol. Björk avait repris ses marques dans son Islande natale pendant les divers confinements et proposait un disque où fusionnaient organique et électronique, deuil et renouveau, clarinette basse et rythmes martiaux (sur certains titres, carrément du gabber avec la collaboration du duo Gabber Modus Operandi). Aujourd’hui, alors que démarre la tournée européenne CORNUCOPIA – un spectacle conçu justement pour l’album précédent et cet opus récent, sorte d’opéra pop digital flamboyant -, Björk dévoile une nouvelle vidéo pour la chanson ‘Victimhood’, probablement le titre le plus sombre du dernier album.
Pour ce clip, la chanteuse a fait appel à sa meilleure amie, la peintre, sculptrice et vidéaste Gabríela Friðriksdóttir, qui s’est associée au réalisateur Pierre-Alain Giraud pour animer ses images. Ensemble il parviennent à retranscrire un monde souterrain abyssal, pétri de sables mouvants, où des personnages dégringolent à foison, incarnations de sentiments confus tels que l’auto-apitoiement, la culpabilité, ou l’abnégation, se téléscopant pour mieux déchoir. Une sorte de chute libre en forme cartoon inversé donc : la face obscure. Björk suffoque, semble chercher une porte de sortie et inviter l’humain à dépasser son penchant à la complaisance, à la culpabilité. Dix ans après leur séparation, on a du mal à ne pas voir dans cette composition une nouvelle missive à l’attention du plasticien Matthew Barney, comme le dernier ricochet d’un deuil sentimental inachevé. Les illustrations de Gabriela, aussi colorées qu’anxiogènes, à l’imaginaire fort, disent beaucoup de la complexité de ces émotions. Elles incarnent un monde métaphorique inquiétant et pourtant ludique à la fois, comme la prolongation parfaite d’un chanson aussi claustrophobe que finalement, (presque) optimiste dans sa profession de foi.
Directors: Gabríela Friðriksdóttir & Pierre-Alain Giraud
Creative direction: Gabríela Friðriksdóttir & Pierre-Alain Giraud
Artwork: Gabríela Friðriksdóttir
Animation: Pierre-Alain Giraud
Co-production: Novaya
Photography: Sigríður Fransiska Friðriksdóttir “Siskachisk”