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lomepal

Avec son second album Jeannine et ses 27 ans fraîchement sonnés, le rappeur parisien prend réellement son envol artistique tout en s’ancrant pour de bon sur la scène hip hop francophone. Interview sans filtre, à son image.

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D’abord, comment vas-tu ? Si je dors et je mange bien, ca va, je suis de bonne humeur. C’est le cas aujourd’hui, mais les insomnies sont assez fréquentes, selon mon état d’esprit, le lieu où je me trouve, les enjeux du moment…

Qu’est-ce qui a le plus changé entre Flip et Jeannine ? Avant même que Flip ne sorte, ma vie n’était déjà plus la même. Depuis quelques mois, on me reconnaissait dans le métro ou dans la rue. Après, ça a été différent mais je m’y attendais, je l’espérais même. Ce que je souhaitais, et souhaite encore, c’est réussir ma vie artistique. Si le revers de la médaille est le fait de perdre son anonymat dans la rue, je l’assume. Cela ne m’a jamais vraiment perturbé, bien que ça puisse être déstabilisant.

L’anonymat vaut donc la peine d’être sacrifié sur l’autel de l’art ? Oui ! Le succès de Jeannine, qui est un album très spécial, ça me fait super plaisir. Mes dates de tournée sont remplies, je vends des disques… Les inconvénients, ce n’est pas grave, et si je dois me mettre en danger pour cette reconnaissance, je n’hésite pas une seconde.

Jeannine a été enregistré à Rome, pourquoi ? Il fallait une ville dépaysante, loin de Paris. Mais aussi inspirante, sans qu’il y ait une vie nocturne démentielle. Une ville où on peut prendre juste un café et retourner travailler sans se retrouver pris dans une fête, et rentrer chez soi à l’aube. Même si ça nous est arrivé, forcément… mais peu, et sans remettre en question le rythme de l’album.

Tu as enregistré à huis clos avec Stwo, Superpoze, Vm the Don, Mohave et Pierrick Devin… Avec qui tu sembles entretenir une relation quasi fraternelle. Je l’avais rencontré pour Flip et nous avions très bien matché du point de vue professionnel. Sur Jeannine, on a été fusionnels. Tous les jours, on était ensemble, on échangeait sur les chansons… Pierrick est très ouvert d’esprit, très honnête également. Chaque jour, on débriefait ce qui avait été fait, et le lendemain, la nuit portant conseil, on s’y remettait. C’était intense.

En parlant d’honnêteté, on devine en écoutant le duo avec Orelsan, La Vérité, qu’elle te tient à cœur. La vérité compte énormément. Mon entourage, d’ailleurs, reste absolument normal avec moi : on me charrie, on me remet en place. Parfois, ça peut être blessant. Mais ça me fait progresser, ça m’endurcit, ça me rappelle qui je suis. J’aurais détesté avoir une cour, je n’aime ni la facilité, ni la flatterie. J’ai besoin de gens normaux autour de moi, et s’ils avaient changé à mon égard, j’aurais changé d’amis !

Depuis tes débuts, les textes de tes chansons semblent sans filtre, même si on devine un grand travail d’écriture. Est-ce une volonté de ta part ? Ce que je préfère dans le rap, c’est quand les phrases sont très directes, fortes, je n’use que très peu de métaphores. Ce style cru me parle. Au début, je me cachais derrière les images que je créais, j’étais pudique. Petit à petit, j’ai pris de plus en plus de plaisir à manier cette écriture autobiographique.

Ce n’est pas trop risqué, de dire autant sur soi ? Non, à force, je me suis habitué. Maintenant, je peux même dire que je m’en fous ! Je n’ai aucun secret, ni pour moi ni pour mon public. Au contraire, parler de moi me fait du bien. C’est comme une thérapie. D’ailleurs, ma mère est aussi comme ça, elle raconte tout et n’importe quoi à des inconnus ! Sans aller jusque là, j’apprécie, moi aussi, de bousculer les gens avec des histoires très personnelles.

Ta mère a toujours été présente dans ta musique, et Jeannine est un hommage à ta grand-mère. Lomepal, féministe ? C’est plus simple que ça. Les femmes et les hommes sont égaux. D’après moi, il n’y a rien à contester là-dessus, ni à prouver. J’ai été élevé par trois femmes, je n’ai jamais côtoyé le machisme, y compris aujourd’hui. Tous mes amis et mes collaborateurs sont issus de milieux très mixtes, il n’est pas question de sexisme. Autour de moi, on respecte les femmes comme je les respecte moi, depuis toujours, de manière innée.

Pourquoi avoir voulu parler de ta grand- mère sur cet album ? À l’origine, je voulais parler des maladies mentales. Un jour, sur scène, j’ai crié “c’est beau la folie”, et cette phrase m’a inspiré le thème central de l’album. Dans ma famille, il y a énormément d’histoires compliquées, des secrets, du sombre et du lumineux. Beaucoup avaient coupé les ponts avec ma grand-mère. Quand j’ai commencé à parler de la folie, j’ai réalisé que c’était un combat qu’il fallait mener, pour contrer le tabou qui règne autour des maladies mentales. J’avais envie de les banaliser de manière poétique, d’en faire un véritable engagement. Quand on dit folie, on pense au film Vol au dessus d’un nid de coucou, mais c’est autre chose encore. J’ai rencontré plein de fous, dans le milieu privé ou hospitalier. Et, comme me l’a souvent dit ma mère, une personne en fauteuil roulant a affaire a beaucoup de gentillesse, les schizophrènes ou les paranoïaques suscitent du rejet, alors qu’il s’agit, là aussi, d’un handicap. Dans notre société, il y a une angoisse du fou qui n’évolue pas. Je me rappelle d’un jour où, en utilisant le mot “fou”, dans un morceau, on m’a dit que c’était offensant. Mais il
y a plein de choses à dire là-dessus, il ne faut pas avoir peur… on peut même en rire.

Quand tu chantes que “la folie est un pouvoir”, tu le penses vraiment ? Non, c’était un peu une blague, cette idée de faire de la maladie un pouvoir. Même si ma grand-mère a souffert, elle a aussi accompli de grandes choses, à l’autre bout du monde et les pieds nus, elle a retourné l’Inde ! Ça m’amuse de penser que ce don, façon super héros de Marvel, ma grand-mère l’a transmis à ma mère qui me l’a elle-même transmis. C’est ce qui me permet de secouer les foules pendant mes concerts, de rentrer en transe !

C’est bien connu, on est tous névrosés. Mais as-tu pu, toi, te sentir réellement menacé par des troubles d’ordre psychique ? Adolescent, j’avais très peur de devenir fou. J’ai souffert de crises de déréalisation… Mes sens étaient obstrués, je ne voyais plus très bien ce qui m’entourait, j’entendais mal, j’avais peur que rien ne soit réel. Après mes 16 ans, ça a fini par passer, petit à petit.

Bien qu’elle soit urbaine, ta musique se nourrit de plusieurs genres musicaux, ce qui s’entend encore plus dans Jeannine. Comment fais-tu pour trouver l’équilibre ? Je ne suis jamais limité par un fil rouge, je me suis décomplexé en assumant aimer ce que j’écoutais avant d’être affilié au rap. Pendant une longue période, j’étais furieusement et exclusivement branché hip hop. Ca a été mon école et c’est de cette manière que j’ai appris à rapper, donc c’était nécessaire. Avec le temps, je me suis rendu compte qu’il était préférable d’écouter d’autres styles de musique que celle que j’ai choisi. Ca a été un soulagement et ça a même nourri mon inspiration. J’ai commencé à réécouter du disco, du jazz, du classique, de la chanson, du rock…

Et, si je suis bien informée, les Strokes ! Je suis hyper fan de ce groupe. C’est ma première influence. Je me suis même organisé pour voir les Strokes à Lollaplooza quand ils vont y passer cet été ! Julian Casablancas est un sacré personnage. Je me reconnais dans son émotion, son mal être, ses mélodies, c’est exactement ce que je recherche. Pendant la confection de Jeannine, il y a eu des moments où je déprimais car je n’étais pas inspiré. Il suffisait que j’écoute les Strokes et ça me motivait, l’écriture revenait !

Tu partages le titre Cinq Doigts avec Philippe Katerine. Comment vous-êtes vous rencontrés, tous les deux ? Sur un free style, à l’issue duquel on a décidé qu’on allait faire un morceau l’un pour l’autre. Il a écrit le refrain de Cinq Doigts, j’ai aussi participé à un de ses futurs morceaux… Katerine est un homme brillant, on peut discuter de tout avec lui. Il est marginal, ne rentre pas dans les codes génériques.

Sur Jeannine, tu sembles prendre tes distances avec l’ego trip cher au rap. Je me la raconte parfois, bien sûr, je reste spontané dans mon écriture… mais je suis plus lucide, j’assume mieux mes qualités et mes défauts ! L’important, c’est que la narration de mes albums soit cohérente.

Le concept même d’album est très important pour toi, n’est-ce pas ? Oui, depuis le début. Après quelques EP, je voulais absolument faire un album. J’ai commencé à chauffer Roméo Elvis, qui est l’un de mes meilleurs amis, pour un projet commun. Ca ne l’a pas fait car il avait d’autres priorités à ce moment-là. Par conséquent, il m’a obligé à me mettre face à Flip. Et j’ai mis la barre très haut, tout comme pour Jeannine…

Penses-tu que tu aurais pu exercer un autre métier ? Je ne crois pas. Au début, j’étais un rappeur du dimanche. Autour de la vingtaine, j’ai commencé à faire des concerts, puis à enregistrer des morceaux qui tenaient la route. J’ai réussi à gagner de quoi manger et j’ai pu enfin me projeter. Flip, ça a été l’élément déclencheur. Je suis parti loin et je n’ai pas envie de revenir ! Je suis dans mon élément, je suis fier de moi. C’est pour la musique que j’existe. Je me sens enfin à ma place.


Photography Mathieu Rainaud
Interview Sophie Rosemont
Styling Mathilde Camps
Grooming Rimi Ura • Walter Schupfer

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