Une série de portraits signés Antoine Henault et interviewés par Rémi Baille, lors du 34ème Festival de Mode, de Photographie et d’Accessoires de Mode de Hyères, pour l’édition 2019 du Bons Baisers de Hyères.
Et voilà c’est fini ! Je pourrais vous le dire, vous le chanter, de deux manières au moins…. La version sexy, un peu rock’n roll, de Jean Louis Aubert, Pour l’énergie, Le sexy, La beauté, L’œuvre immense, Mais aussi, il pourrait y avoir la version Dalida C’est Fini…. Pour l’œuvre immense aussi, Mais tellement belle et si queer ! Voilà le résumé de cette 34e Édition ÉNERGIE & QUEER. Et souvent mêlés. Je garderai l’énergie rock’n roll de nos présidents de jurys Natacha, Craig et Charlotte, Merci de leur générosité dans leurs présences et leurs belles expositions, Cette alchimie entre mode, musique et art, Avec Adrien Vescovi, Marc Turlan et Arthur Hoffner aux Pesquiers, Le film Libres de Karim Zeriahen, La Créole, Le Cabaret Madame Arthur, La Fête Chloé, Charles de Cabarus et Baby bear en clôture à la villa ! La boutique très “malleststevenienne” de Pierre Yovanovitch, Et aussi, Hervé, Camelia Jordana, Haute, Les présences électriques et si belles d’Eddy De Pretto, Ahmad Kontar et Arnaud Valois, L’exposition LOVE MY WAY, qui a donné une énergie, une joie, un esprit à cette 34e édition. Tous ces artistes venus de partout nous ont offert de la joie et du plaisir ! Merci, Brian K., Michael B.P, Farid A. & Arnaud C., Jeytall, Marc T., Emile K., Philippe D.L., Patrick S., Jean B., Gaspard N., Manon D., Maxime M., Edouard T., André, Julien C., Adam C., Gio B.P., Benjamin, et Olivier, Mathias, Jorge, Hervé, Jalis, Vincent, et merci à tous les artistes qui ont accepté de participer à cette première aventure à la villa Romaine, avec Pierre Passebon. Le cadeau des images de Pierrot le fou, par Alain Nogues, La magnifique série de Sarah Mei Herman, pour American Vintage, qui signe aussi la série ici! Les 25 ans rock’n roll de Self Service, Et puis les prix magnifiques, le Grand Prix du jury Première vision, Christoph Rumpf ; géniale Noelia Morales avec le Prix Accessoires Swarovski, si bien mis en mouvement dans le film Pyscho de Zoé le Ber ; la Magnifique Alice Mann pour le Grand Prix du jury photographie ; le nouveau et extraordinaire Prix des métiers d’art de Chanel pour Rosin Pierce avec Maison Michel ! Et le Prix Chloé à Tina Schwizgebel-Wang ! Bravo et merci à tous, la dream team, les partenaires publics et privés. Alors, à l’année prochaine pour cette 35e édition tant attendue. Elle commencera à Paris pendant la fashion week de septembre avec les comités des quartiers de la capitale en partenariat avec la mairie de Paris ! Vous allez retrouver ici mon île du Levant chérie, puisque, vous l’avez compris, chaque année BBDH vous fait découvrir un des aspects de cette île magique, naturiste, voulue, créée et imaginée par les géniaux frères Gaston et André Durville ! Je vous aime, Je vous embrasse, Vos sourires, Vos mots, Vos larmes, Vos soutiens, Vos encouragements à continuer, M’ont, Nous ont comblés ! Je suis déjà impatient… de vous retrouver !
BONS BAISERS DE HYÈRES
Comment as-tu perçu cette 34e édition ? Cette 34e édition du festival était tournée vers l’avenir, de nombreux designers utilisant le recyclage et d’autres techniques durables comme principales facettes de leurs collections. Pas seulement dans les vêtements, mais aussi dans les accessoires, qui utilisaient l’impression 3D et d’autres techniques très modernes. L’avenir promet beaucoup, la loyale concurrence du concours en est l’exemple. Chaque designer avait son propre regard et ses propres caractéristiques. Complété par une belle vitrine de 12 looks de Botter, le festival de cette année a résumé ce que l’avenir a de mieux à offrir : la jeunesse. Parle-nous de ta collaboration avec les créateurs. Il est toujours spécial de porter des vêtements de jeunes créateurs car en tant que jeune moi-même, j’apprends à les connaître et à me lier à eux. Lorsque le vêtement devient un moyen de connexion humaine, j’incarne leur travail et c’est toujours une sensation étonnante.
Comment définirais-tu le festival cette année ? Cette 34e édition était super festive ! Est-ce que c’est différent de travailler avec de jeunes stylistes ? C’est toujours cool de marcher pour des jeunes créateurs, il n’y a pas une énorme différence d’âge et il y a une certaine “entraide”. Même si vous travaillez beaucoup et que enchainez les défilés, est-ce qu’on pourrait parler d’une ambiance “colonie de vacances” du côté des mannequins ? Quand je repense au festival c’est les termes qui me reviennent toujours ! C’est exactement pareil, on s’amuse beaucoup.
Est-ce que c’était ta première au Festival ? Qu’est-ce qui t’a fait kiffer ? Non, c’est ma deuxième année. Jean-Pierre Blanc m’avait invité à venir clore le festival de l’année 2018. Mon album venait de sortir, c’était assez fou de jouer dans le cadre magnifique qu’est la villa Noailles. Puis on s’était grave amusé !
Natacha Ramsay-Levi dit que le festival est un tremplin pour la jeune génération. Tu penses que c’est quoi, cette étincelle qui allume le feu des jeunes à créer aujourd’hui ? Pour moi, le fait de créer traduit un non-renoncement. C’est une forme de protestation. Vouloir dire des choses, toujours des choses, dans un système où il y a tant à déconstruire ; emmenez ailleurs, proposer une nouvelle façon de voir les choses. C’est essentiel, et ça restera toujours essentiel ! Jean-Pierre Blanc, Magalie Guérin et toute la “Villa Noailles Family” montrent un soutien et une dévotion de ouf envers les jeunes créateurs, dans différentes disciplines, notamment pour les mettre en avant. Comment on s’en sort, aujourd’hui, en tant qu’artiste indépendant ? Hum, il faut tout réunir pour que la recette prenne, je crois. Mais même quand elle a pris, il y a encore tout à faire. Je pense qu’on ne s’en sortira jamais. Et c’est ça le moteur ! La création te pousse continuellement à te poser des questions, à être incertain. C’est presque beau ! C’est quoi ton lien avec la mode, personnellement et dans tes créations ? J’ai un lien très distrait avec la mode, mais j’aime bien quand on m’invite aux défilés, c’est inspirant. J’aime suivre les créateurs que j’aime. Ce que j’apprécie le plus, c’est de tenter de faire des collaborations. Par exemple, pour mon nouveau spectacle (une série de 10 dates prévues à l’Élysée Montmartre en mai) on a dessiné une tenue avec Koché, une marque que j’affectionne particulièrement. Comment fait-on pour ne jamais arrêter de rêver et de se réaliser ? Faut se bouger le cul ! C’est quoi pour toi les essentiels vestimentaires à avoir, absolument, posés sur le dossier de sa chaise ou aux pieds de son lit ? J’ai toujours un T-shirt blanc basique, un bob, des Tn et un jeans. Je suis pour le très simple !
Camélia, tu étais vraiment émue lors de ton concert d’ouverture, est-ce parce que tu étais à la maison ? Oui, c’était très émouvant pour moi de chanter dans ce lieu qui m’est si cher. Il est rempli de tant de souvenirs d’enfance, de ma vie de jeune fille. Il fait partie de mon lien à la musique aussi. Tu as parlé de la villa Noailles comme l’un de tes premiers “accès à la culture”. Que représente ce lieu pour toi ? Avec le Midi Festival, nous venions chaque année mes amis et moi découvrir de nouveaux groupes de musique plutôt très indés et la ville se transformait en ville la plus cool du monde 2 fois par an ! On pourrait te présenter comme une artiste engagée, féministe. Comment la mode peut-elle porter ces messages d’après toi ? Depuis que la mode existe, le vêtement a une fonction politique, un message, un engagement. Il traduit un positionnement. Le bandana, le better, le jeans pour la femme, la veste en cuir… Je pense qu’il s’agit de penser son vêtement comme un plasticien. Il suffit d’y donner un sens pour que ça prenne. Pourrais-tu enfin résumer ton festival par un mot, une phrase ? Grande douceur.
Était-ce ton premier festival ? Oui, cette édition fut très spéciale pour moi, car ce fut la première fois que je défilais à Hyères, j’ai pu marcher pour le vainqueur de l’année dernière, Botter, et celui de cette année, Christoph Rumpf. Gardes-tu un souvenir en particulier ? Le moment où Christoph Rumpf a gagné le premier prix. Pour toi, le festival porte-t-il un message d’avenir ? Oui, car nous portons les talents de demain. C’est la jeunesse qui parle à travers ces collections ? Oui, elle dit qu’elle est pleine d’idée, créative, et qu’il faut faire attention à son talent.
Elle s’épanouit à la villa Romaine et on y entre comme dans une chapelle. Imaginée par Jean- Pierre Blanc et Pau Avia, l’exposition célèbre l’homosexualité masculine et donne à voir ce qu’il se passe quand les hommes s’aiment entre eux. Parfois, les différents supports représentent les corps nus, les sexes bandés ou non, les regards fugaces et les poses suggestives. Suffisant pour faire crier à la provocation les gardiens d’une morale éternellement morose. Pourtant, dans cette villa en fête, on préfère célébrer. Des centaines d’artistes, d’abord, de tous les âges et de toutes les techniques. Mais, surtout, des moments de vie intimes et délicieux qui se suggèrent, et des formes d’amours, de sensualité, qui ne se montrent pas toujours parce que trop souvent censurées. C’est un pied de nez à l’adage «pour vivre heureux, vivons cachés» car, plus que jamais, il est aujourd’hui nécessaire de montrer. Grâce à Love my way, la création reprend les droits que la société veut lui enlever et répond à ses premières nécessités : le sensible, le beau, l’alerte. S’engage alors, au fil des dessins, photographies, peintures ou objets, une tendre lecture des amours buissonnières, délicates ou volcaniques. Et comme dans toute histoire d’amour, il y a des choses qui pincent le cœur. Peut-être la sensation que cette façon d’aimer n’est pas aussi libre qu’elle le devrait. Comme le dit un message négligemment annoté sur un miroir de la salle principale : “We just wanted to be loved”. Rémi Baille
Raconte-nous ton festival. L’ambiance était tellement cool. Au début, je ne savais pas trop ce qu’était le festival de Hyères et j’ai pu découvrir énormément de choses. Je retiens surtout l’ambiance familiale et, particulièrement, l’accueil de Jean-Pierre. Je me suis vraiment amusé et j’ai vu de très belles choses dans les collections. Un très bon moment. Tu étais présent sur les affiches, on t’a vu en photo, ça fait quoi d’être égérie ? Ça fait vraiment bizarre ! Je n’ai pas l’habitude de me présenter en tant que mannequin et encore moins en égérie. D’un coup, tout le monde te reconnaît et réagit à ta présence. Mais je suis heureux d’avoir pu représenter le festival. Comment aimerais-tu qu’on te présente alors ? Je n’ai pas l’habitude de me présenter, tout dépend de la façon dont on me voit et dont on m’identifie. Parfois, lorsque je danse, je suis danseur, d’autres fois je peux être mannequin, et même basketteur quand je joue avec mes amis ! On se présente différemment par rapport au contexte. Tu es au début de ta carrière, comment envisages-tu la suite ? Jamais je n’aurais pensé que j’allais devenir mannequin, et encore moins que je pourrais avoir une carrière dans la mode. Aujourd’hui, beaucoup de possibilités s’offrent à moi et je vais commencer à les considérer. À la base, je suis étudiant et je compte bien terminer mes études tout en allant jusqu’au bout de ce qu’on me propose. On verra bien ou ça me mènera.
Que représentait pour toi de te produire au festival de Hyères ? J’étais très intéressé par ce projet car il est très important d’apporter le cabaret dans des zones où il pourrait paraître vieux jeu ou vieille mode. Pour moi, le festival de Hyères est le plus pointu de France concernant la mode et la photographie. Pour nous, le cabaret Madame Arthur, ainsi que moi en tant qu’artiste, faire l’ouverture de la semaine était une vraie aubaine, une mise en valeur et une mise en image incroyable, c’était fou ! Sur scène tu es “Morian ”, mais tu viens toi-même de la mode, ce n’est pas un hasard ? J’ai fait l’Académie d’Anvers, qui est pour moi la meilleure école au monde de mode. (Rires.) J’ai ouvert des magasins, j’ai créé ma marque, je suis styliste et je fais plein de trucs en rapport avec la mode. Lorsque j’avais mes magasins, nous avions même été un sponsor financier du Festival pendant un an ou deux. C’était important de montrer notre amour et notre admiration à ce que faisait Jean-Pierre. Est-ce que tu as pu retrouver un esprit cabaret ici ? On l’a recréé ! Et c’est dur à faire, car le cabaret est quelque chose de très libre, très provocant, très fou, à la fois dans le visuel et dans la mentalité. Ce n’est pas facile de débarquer dans un casino Partouche avec des sponsors impressionnants, parce que d’habitude le cabaret se fait dans des caves allumées à la bougie où tout le monde chante, se déshabille et baise ! On s’est adapté à l’évènement pour se rapprocher davantage du concert. On a tout de même réussi à recréer une ambiance, le thème « Courage & Liberté » y était pour quelque chose. Cela nous a encouragés à faire ce qu’on fait habituellement, et c’était merveilleux. On a quand même pu se mettre à poil, montrer nos fesses, chanter des chansons qui nous tenaient à cœur comme “Antisocial”, parler de cul et d’amour, des trucs cool quoi… En ce moment, on a l’impression que votre art gagne en reconnaissance et en visibilité. C’est la victoire des plumes ? C’est beau “la victoire des plumes” ! En ce moment le monde est tellement fucked up que la réussite de projets comme le nôtre prouve que l’on a raison d’y croire. Les gens ont besoin de voir ça. À chaque fois que je sors de scène, on me dit que tout ça donne envie d’être soi- même. On suscite vraiment la liberté. Aujourd’hui, tout le monde s’habille pareil, tout est codé et c’est vraiment chiant. Les gens ont envie de sortir des codes et ne savent pas comment faire, et quand ils voient des fous comme nous débarquer, ça leur donne de l’inspiration.
Trois mots pour le festival ? Rafraichissant, innovant, excitant. Ton meilleur souvenir ? Me faire de nouveaux amis, et les moments chill que nous avons passé entre les shows. Est-il spécial de porter les vêtements de jeunes créateurs ? Oui, car il est important de soutenir les jeunes talents. C’est formidable de voir les créateurs reconnus pour leur talent, bénéficier du soutien nécessaire pour développer leurs marques, grandir, pour peut- être un jour être aussi reconnus que les maisons de mode que les gens aiment et respectent aujourd’hui. Que disent pour toi ces collections de la jeunesse ? Ces collections nous disent que l’avenir de la mode est prometteur et que les jeunes créateurs doivent être reconnus et pris au sérieux pour leur talent.
Les vêtements racontent des histoires, et elles ne sont pas toujours heureuses. Pour leur collection capsule Petit Bateau x Botter, le duo néerlandais Lisi Herrebrugh et Rushemy Botter, lauréats du Grand Prix du jury Première Vision 2018, se confie. Ils ouvrent une boîte secrète où les racines, les souvenirs, le quotidien et les peurs se mélangent aux maux de notre époque. Il s’en dégage une mélancolie colorée semblable aux souvenirs des exilés. Les Caraïbes pour inspiration commune, le couple continue ici sa traversée inquiète des océans aux mille surfaces. Lorsque le réconfort reste à quai, il faut bien trouver de nouveaux refuges. Les différentes pièces imaginées par Lisi Herrebrugh et Rushemy Botter sont comme des cabanes, vulnérables et décousues, cependant bienveillantes comme des abris. Il y a d’abord ce ciré, pas tout à fait uni, qui laisse entrevoir dans sa transparence, derrière les fleurs du pays natal, ce qu’un voyageur peut bien garder dans ses poches. Il y a aussi cette marinière dont les rayures, pas tout à fait rectilignes, témoignent des bandes de plastique qui balafrent les mers. Pour la plupart, des vêtements unisexes, pensés depuis les réminiscences et non le genre, puisque “venir de quelque part” rassemble tous les êtres humains. Des tailles parfois trop grandes, des coupures parfois irrégulières, des motifs parfois décalés. Et, pourtant, une collection à la joie manifeste, qui rappelle qu’il est possible de trouver dans son cœur enfoui ou dans les déchets flottants les moyens de se reconstruire.